L’Entreprise le 30/10/2009: «Les patrons souffrent aussi »

L’Entreprise le 30/10/2009: «Les patrons souffrent aussi »

Lire l’article

«Les patrons souffrent aussi »

Chercheur à l’université de Montpellier III, spécialiste des PME depuis 15 ans, Olivier Torres se lance dans la création d’un observatoire de la santé des dirigeants d’entreprise.

« La médecine du travail a déterminé de longue date quatre éléments délétères : la surcharge, le stress, l’incertitude et la solitude. Or, les patrons de PME cumulent ces quatre facteurs, note Olivier Torres, invité à donner une conférence,

mardi 13 octobre, par le Centre des jeunes dirigeants (CJD). Je vais peut-être mettre à jour un scandale de santé publique : On compte 2,5 millions d’indépendants en France, comment se fait-il qu’il n’y ait aucun service médical autour de ces gens ? Mais il n’est pas impossible qu’on démontre l’inverse, qu’à niveau de stress, d’incertitude, de solitude et de charge de travail équivalent, les chefs d’entreprises soient en meilleure santé que les salariés. Après tout, on est sur une contrainte choisie, pas subie. Le problème, c’est qu’à ce jour, personne n’a la réponse. Il n’existe aucune statistique au monde, sur la santé des dirigeants d’entreprise.» L’universitaire, spécialiste de la PME depuis 15 ans, a donc décidé de prendre le problème à bras le corps et de créer un observatoire de la santé des dirigeants de PME, commerçants et artisans. Il a déjà trouvé un mécène prêt à en financer la moitié et cherche une banque pour le restant. La nécessité de cet observatoire est apparue à Olivier Torres à l’occasion d’un travail sur le licenciement. «La caractéristique des PME, c’est une relation directe entre le patron et ses salariés. Dans une compagnie de transport, la plupart du temps, le dirigeant a son permis poids-lourds. Licencier un salarié dans ces conditions, c’est tuer quelqu’un à l’arme blanche. Le patron de PME est seul pour prendre sa décision. La souffrance du licencié a donc son corollaire : la souffrance du licencieur. » D’ailleurs pour l’universitaire, les dirigeants de PME gagneraient à se détacher de temps en temps de cette proximité pour utiliser des méthodes de management distant, celles des grands groupes : gestion des compétences et autres comptabilités analytiques.

Sébastien Jacquart