Libération le 25/05/2009: Le grand tabou de la souffrance des petits patrons

Libération le 25/05/2009: Le grand tabou de la souffrance des petits patrons

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Le grand tabou de la souffrance des petits patrons

Il est venu avec son concept tout neuf, afin de le «tester» sur de vifs et «jeunes» dirigeants. Le professeur en gestion Olivier Torrès travaille sur ce qu’il appelle «l’inaudible souffrance patronale». Le lieu est bien choisi : le Centre des jeunes dirigeants (CJD), mouvement de patrons plutôt décontractés, vient de réunir pour son «campus» annuel 500 patrons dans un village de vacances près d’Arles. «Les médecins et sociologues spécialisés dans la souffrance au travail partent de l’idée qu’elle vient d’un rapport de domination: le patron étant le dominant, explique l’enseignant chercheur de l’université de Montpellier devant un parterre de patrons. Or les facteurs de mal-être » Le but d’Olivier Torrès : monter un observatoire de la santé des dirigeants de PME. Il va s’atteler à rencontrer toutes les organisations patronales à ce sujet… «La souffrance du patron de PME est invisible. Il n’existe aucune statistique puisque les chefs d’entreprise ont historiquement refusé de rentrer dans un système social de médecine du travail. Personne ne connaît leurs pathologies», il ne peut souffrir.

qu’on applique d’habitude aux salariés peuvent très bien s’appliquer aux patrons de PME: surcharge de travail, stress, incertitude sur l’avenir, sentiment d’isolement.

Un centre de réflexion pour les jeunes chefs d’entreprise

«Ni de droite, ni de gauche» (ils le répètent assez souvent), le Centre des jeunes dirigeants (CJD), qui existe depuis 1938, est un mouvement de 3300 chefs d’entreprises ou cadres dirigeants –de PME surtout– «où vous ne trouverez jamais quelqu’un pour vous dire que nous payons trop de charges sociales», promet l’un d’eux. Lors de ses «campus» et autres plénières, le CJD multiplie les réflexions sur «l’éthique» ou «la diversité en entreprise», les ateliers sur la «performance globale» (comment concilier celle du chiffre d’affaires, avec le bien-être des salariés et le respect de l’environnement), ou met en place des «expérimentations pour améliorer le dialogue social»(1)… à tel point que certains membres se plaignent «de l’image de patrons de gauche qu’[ils] se traîne[nt]…» Ce qui ne serait effectivement pas leur rendre justice: après avoir accepté d’expérimenter dans certaines de leurs entreprises les 35 heures de Martine Aubry, le CJD s’était déclaré favorable aux «32 heures à la carte» mais contre une loi imposant les 35 heures à tous. Et leur ancien président, Thomas Chaudron, vient de rendre au gouvernement Fillon un rapport favorable au prêt de salariés d’une entreprise à l’autre. S.F. (1) Ils devront illustrer concrètement les recommandations de leur rapport sur le dialogue social publié enmars, disponible surwww.cjd.net